Interrogatoire [PV]

Danny était assis dans son bureau qu’il partageait avec sa coéquipière dans les locaux du FBI. Habillé d’un costume bleu nuit, il avait posé sa veste sur le dos du siège et détaché sa cravate, la chaleur était étouffante, encore une fois. Pourtant, la grande fenêtre était ouverte et le ventilateur tournait au maximum, d’ailleurs il n’allait sûrement pas tarder à rendre l’âme.

*Faudrait vraiment que je fasse une requête pour l’air conditionné.*

Il avait une fois de plus passé une mauvaise nuit et était donc contraint, malgré la température de boire une tasse de café bien fort en lisant un dossier qui lui tenait particulièrement à cœur. Alors qu’il était concentré, on frappa à la porte, il pensa d’abord que c’était sa collègue qui devait être en discussion avec un autre agent mais ce fut son chef qui entra dans la pièce. Il venait de recevoir une déposition pour plus qu’intéressante. Une femme s’était présenté et avait expliqué qu’elle avait affirmé qu’une jeune femme prénommée Nathanaëlle DuBois, sa patronne avait été en contact direct avec des membres recherché d’un gang qui commençait sérieusement à intéresser le FBI de part des meurtres et des activités illégales dont on les soupçonnait. La femme qui était venu témoigner travaillait en tant que femme d’ouvrage et avait peur des représailles, étant une immigrée Hispanique, mère de trois enfants et plutôt bien payée malgré tout, elle avait un peu honte de ce qu’elle faisait. On lui avait donc assuré qu’on ne mentionnerait pas son identité.

Danny était donc chargé d’aller interroger cette Nathanaëlle DuBois à son appartement, il irait sans Ellanora, elle devait régler quelque chose. Il prit connaissance de l’entièreté de la déposition et prit quelques annotations sur un petit bloc-notes avant de remettre sa cravate et sa veste et de partir pour se rendre chez la jeune femme qu’il allait interrogé.

Il se rendit à Pacific Palisades, dans la banlieue ouest, c’est qu’apparemment, on ne se refusait rien. Il se retrouva en face d’un gigantesque immeuble, elle habitait au 20ème étage, il prit dont l’ascenseur. Arrivé à la porte de l’appartement, il frappa à la porte.

-Mademoiselle Dubois ? Agent Stevens du FBI, ouvrez s’il vous plaît, j’aurais quelques questions à vous poser ...

On ouvrit rapidement la porte et il se retrouva devant une femme qui le regardait avec des yeux apeuré, il en conclut que c’était elle la femme qui avait fait la déposition et la rassura en hochant la tête, il entra dans l’appartement, enfin si on pouvait réellement appelé ça un appartement, il devait bien faire au moins la superficie d’une maison à lui tout seul, sans parler du luxe qu’il s’y trouve. Il vit une ombre se dessiner dans le couloir et s’avancer vers lui.

-Nathanaëlle DuBois je suppose ? Agent Stevens, FBI.

Il prit son insigne accroché à sa ceinture et lui montra.

Nathanaëlle etait epuisée. Elle avait passé la nuit avec Bandô, dabord à s'occuper de l'enfant de celle-ci, puis à parler avec la japonaise. Elle n'etait rentrée qu'à l'aube, et c'est les traits tirés qu'elle s'est precipité sous la douche, en specifiant bien à la femme de chambre que si elle le voulait, elle pouvait partir. Mais celle-ci avait tenu à rester.
Nathanaëlle ne comprenait plus cette bonne femme. Au debut, lorsqu'elle lui proposait de rentrer s'occuper de sa petite dernière, la femme acceptait avec gratitude, mais ces derniers temps, elle voulait tout le temps être là, et semblait lui cacher quelque chose. Nathanaëlle ne voulait pas tomber dans la paranoïa, mais elle se sentait epié.

Bah, elle se faisait sans doute des idées. Revoir Bandô lui donnait l'impression qu'elle etait menacée, ce qui etait faux, comment quelqu'un aurait-il pu savoir qu'elle avait de maigres relations avec la yankee?

Rassurée, elle resta une bonne demi-heure sous la douche brulante, puis se savonna et se rinca. Elle sortit de la douche, se secha et enfila un peignoir en soie qu'elle avait ramené de Chine et qu'elle adorait. Pieds nus, elle quitta la salle de bain. Elle entendit frapper à la porte, mais ne distingua pas les paroles etouffées derriere l'epaisse porte. Elle comprit que sa femme de chambre avait ouvert, et se dirigea vers l'entrée pour voir de qui il s'agissait.
Et fut stupefaite lorsque l'homme se presenta. Elle le detailla attentivement des pieds à la tête, s'arreta sur l'insigne qu'il lui tendait, puis croisa les bras sur sa poitrine, un sourcil haussé.

" Un agent du FBI, juste pour moi? Et bien, soyez le bienvenu. Laissez moi quelque minutes, le temps d'enfiler quelque chose de moins leger. Carmen, veuillez apporter de quoi rafraichir le monsieur s'il vous plait. Je reviens. " fit-elle en s'adressant à sa bonne d'un ton poli, sans remarquer l'air apeuré et honteux de celle-ci.

Elle se dirigea vers sa chambre et sortit quelques vetements de son dressing qu'elle enfila rapidement, se demandant pour quelles raisons un agent du FBI pouvait se trouver chez elle. Qu'avait-elle fait? Elle ne buvait pas, ne se droguait pas, ne se prostituait pas, ne faisait rien de mal...
Vetue d'un jean 7 For All My Kind, d'un t-shirt D&G, elle revint dans le salon et s'assit face à Stevens.

" Que puis-je faire pour vous agent Stevens. " demanda-t-elle en adoptant son accent bon chic-bon genre.

La jeune femme qui s’approchait de lui était effectivement son témoin qui n’avait d’ailleurs pas trop l’air de savoir pourquoi il était présent. Habillée d’un simple peignoir, elle s’excusa auprès de Danny et alla se changer, chargeant sa femme de ménage de lui servir quelque chose. Danny refusa par principe, il était en service, il n’acceptait rien. Il jeta un regard plus approfondis à l’appartement, il n’arriverait jamais à s’offrir ça même en travaillant toute sa vie.

D’ailleurs la femme de ménage semblait toujours aussi apeurée, Danny la rassura une fois de plus, lui demandant de se détendre, qu’elle n’avait aucune raison de s’inquiéter, elle se relaxa mais lui dit qu’elle n’imaginait pas que se serait le FBI qui viendrait, Danny ne répondit rien, elle serait bien vite au courant si elle entendait les questions qu’il allait posé à la jeune française.

Elle arriva quelques instants plus tard, habillé de vêtement de marque. Dans cette tenue, il vit qu’elle était fine, de plus elle était plutôt grande, les cheveux bruns et des yeux d’une couleur assez spéciale ce qui lui donnait un regard attirant, en réalité elle était très jolie et donc attirante tout court mais Danny n’était pas ici pour ces raisons.

-Eh bien figurez-vous qu’on vous aperçu avec un membre très recherché pour des délits grave d’un gang, qu’est-ce que vous pouvez me dire là-dessus ?

Danny la regardait dans les yeux pour voir ne fusse qu’une étincelle d’un sentiment quelconque. Elle semblait surprise, oui sembler, parce qu’on ne sait jamais si la personne en face de soi ne joue pas un jeu, d’autant plus que dans cette situation, c’était le cas.

Il fallait quand même bien avouer que la situation était bizarre, pourquoi une jeune femme riche allait-elle fréquenter des membres d’un dangereux gang ? Ca n’avait pas vraiment de sens …Sauf si c’était une histoire de drogue, ça s’était déjà vu, il la regarda attentivement, elle n’avait pas réellement l’air d’une droguée, si ce n’est le teint fatigué qu’elle affichait. Une droguée aurait sembler plus nerveuse et sur les nerfs qu’elle en ce moment. Il pourrait aussi avoir le besoin de sensations fortes avec le danger, quoi qu’il en soit, il allait tout faire pour le découvrir.

Surprise, oui Nathanaëlle l'etait. Elle ne savait pas bien pour quelles raisons un membre du FBI se trouvait en ce moment dans son salon. Elle vivait dans un quartier chic, dans un immeuble où ne vivait que des gens avec de bons moyens financiers, elle n'avait pas ou peu d'amis...

Sa surprise se transforma en stupefaction. Ainsi donc, il etait ici pour une bonne raison. Quelqu'un l'aurait vu avec Bandô, et l'aurait denoncé. Rien de surprenant à cela, sauf qu'elle se demandait qui avait bien pu les voir ensemble. Quelqu'un qui devait connaitre ses habitudes. Mais qui?
* Oui, qui? * se demanda-t-elle en regardant d'un air absent la femme de chambre deposer sur la table basse en verre un plateau avec deux verres et une bouteille de jus de pomme. Nathanaëlle sembla se reveiller et jeta un coup d'oeil au policier.

" Desolée, je n'ai rien de plus fort, je ne bois pas d'alcool. "s'excusa-t-elle en se servant un verre et en se pelotonnant dans le fauteuil.

" Par gang, vous voulez dire le genre à faire du trafic de drogue, à avoir son reseau de prostitution, et à tuer des gens juste parcequ'ils vous ont regardés dans les yeux? " fit-elle avec lassitude.

" Regardez moi agent Stevens. Je n'ai que 18 ans, et j'ai suffisamment d'argent sur mon compte pour me payer un appartement comme celui-ci, donc si je voulais de la drogue, je me la ferais importer directement de là où ils la fabriquent. Si j'ai besoin de la compagnie de quelqu'un, je n'ai qu'à me mettre en jupe et dans la soirée je trouverais quelqu'un, dans cette ville tout le monde couche avec une de ces facillités... Quand à tuer quelqu'un juste parcequ'il me regarde, j'aurais plutôt tendance à vouloir fuir cette personne. Je suis riche et en bonne santé, pourquoi irais-je risquer mes fesses avec un gang? L'argent ne rend pas stupide. "

Elle vida son verre et se mit à reflechir. Elle avait vu Bandô une seule fois, et elle avait deja des ennuis avec le FBI. Il fallait savoir qui avait donné cette information au FBI. Et il fallait savoir ce que le FBI comptait faire à Bandô. A part la mettre en prison. Y'avait-il encore la peine de mort dans cet etat?

" Je suppose que je ne saurai pas qui m'a "aperçu" avec ce fameux membre. Mais j'aimerais bien savoir pour quelles raisons vous venez me voir, moi. Je veux dire, et si nous nous etions trouvés ensemble au même moment au même endroit, tout simplement? Vous auriez une photo? " demanda-t-elle.

La femme de chambre déposa un plateau avec deux verres du jus de pomme, elle ne buvait pas, il y avait donc peu de chance qu’elle se drogue, elle se servit un verre et s’installe confortablement dans un fauteuil.

-Vous m’excuserez de ne pas accepter un verre de jus de pomme mais j’ai des principes.

Elle lui demandait quel genre de gang d’une manière qui le surpris, elle prenait ça à la légère, beaucoup trop d’ailleurs. Elle continua de parler, donnant les raisons pour lesquelles elle n’avait pas à aller fréquenter de genre de personnes. Elle était riche, ça il le savait il suffisait de regarder son appartement pour le voir, et pour elle c’était suffisant pour se justifier de tout.

-C’est à vous de me dire pourquoi vous êtes allé voir un membre d’un gang, et pour répondre à votre question précédente, ce gang ne s’arrêterait apparemment pas à une seule des activités que vous avez citées.

Elle vida son verre en réfléchissant, à quoi ? Ca Danny n’en avait aucune idée mais peut-être à une solution de se sortir de ce pétrin. Elle se doutait qu’elle ne saurait pas le nom de la personne qui l’avait dénoncé mais elle demandait une photo, comme pour être sûre qu’on l’avait bien vue, malheureusement pour lui, Danny n’en avait pas et elle se servirait certainement de ça mais il allait malgré tout lui parler, de façon à la faire réfléchir et qui sait avec un peu de chances, elle lui avouera.

-Non vous ne saurais pas le nom de la personne qui vous a aperçu mais sachez qu’elle n’a absolument rien n’avait absolument rien à gagner en venant nous faire son témoignage, elle a peur pour vous, elle ne veut que votre bien et non je n’ai pas de photos et même si vous vous retrouviez au même endroit au même moment sans qu’il y ait eu contact entre vous, vous croyez bien que je ne serais pas ici à vous posez des questions.

Dans le petrin, elle y etait, et bien comme il faut. Enfin, que risquait-elle? Surement pas la prison, tant qu'on n'avait pas de preuves qu'elle cotoyait Bandô de quelque façon que ce soit. Mais elle n'etait pas stupide, elle se ferait très certainement suivre maintenant que le FBI se posait des questions à son sujet. Elle ne pouvait plus prendre le risque de revoir Bandô, cela serait trop dangereux pour la japonaise. Surtout avec l'enfant...

" Donc, j'ai un lien avec ce gang. " souffla-t-elle, les yeux plissés.

Elle semblait toujours plongée dans une profonde reflexion, et il aurait été aisé de penser qu'elle cherchait une issue, mais il n'en etait rien. Elle ne pensait pas à sa propre personne, mais plutôt à Bandô. Encore une fois, les autres passaient avant tout. Nathanaëlle ne s'inquietait pas pour elle même. Elle cherchait un moyen d'aider Bandô.

Elle planta son regard dans celui de Stevens.

" Je ne vais pas vous dire que je ne repondrais qu'en presence d'un avocat, ou que vous n'avez pas le droit de me demander quoi que ce soit sans preuve formelle. Tout comme je ne vais pas vous mentir. " lanca-t-elle avec franchise.

Elle inspira, se redressa et ferma les yeux un instant, avant de les rouvrir, son regard toujours planté dans celui de l'homme en face d'elle.

" Je suis en effet en contact avec une jeune femme, membre d'un gang. Elle est très dangereuse, mortellement dangereuse, je ne vous apprends rien. Elle blesse, tue, sans remords. Je sais pour qui elle travaille, et je connais deux-trois personnes de son entourage, guere plus. Mais je vais vous dire aussi une chose qui ne vous fera peut-être pas plaisir, mais qui est claire pour moi : cette jeune femme, je sais que vous la traquez, mais vous n'obtiendrez rien de moi. Je suis bien decidée à la proteger. " declara-t-elle fermement.

Elle reposa son verre sur la table, la main tremblante.

" Je sais que je prends des risques. Quelqu'un qui refuse de coopérer avec la police, c'est grave je suppose. Mais c'est ainsi. Cette femme, elle est... importante à mes yeux. Alors oui je risque aussi de finir decouper en tranches en restant avec elle, mais c'est comme ca. Je me suis promis de l'aider, de la proteger, et c'est bien ce que je compte faire. Alors... Alors je vais peut-être avoir de gros ennuis, mais... c'est mon amie... " termina-t-elle faiblement, les larmes aux yeux.

Elle se rendit compte que c'etait la première fois qu'elle pensait à Bandô comme à une amie, et elle le ressentait de toute la force de son coeur : Bandô etait la seule amie qu'elle ait jamais eu, et elle ferait tout pour la preserver. Tout.

Danny s’attendait à ce qu’elle nie être en contact avec le gang, ce que la plupart des gens auraient fait d’ailleurs mais elle préféra affirmer dans un souffle qu’elle avait un lien avec une personne appartenant à ce gang. Ce qu’elle risquait que ce soit au niveau judiciaire ou au niveau de sa vie à les fréquenter ne semblait pas l’inquiété plus que ça. Elle le regarda dans les yeux, elle savait les risques qu’elle courait pourtant, ce qui l’intriguait. Pourquoi en sachant qu’elle était très dangereuse, qu’elle tuait de sang froid, elle continuait à avoir des contacts avec elle ?
Ce qui était très intéressant dans ce qu’elle disait, c’est qu’elle connaissait la personne au dessus de ce système et quelques autres avec lesquelles cette personne travaillait.

La surprise de Danny ne s’arrêta pas là, elle voulait la protéger coûte que coûte, et elle ne lui dirait donc rien qui pourrait le lancer sur sa piste.

-Vous risquez votre vie mademoiselle, il pourrait se retourner contre vous à un moment ou à un autre, vous êtes riche, vous êtes une proie plus qu’intéressante pour eux. Je pense que vous ne vous imaginez pas dans affaire vous vous êtes mise, ces gens sont très dangereux vous l’avez vous-même dit alors pourquoi les fréquentez vous ?

Danny espérait qu’elle coopérerait après ce qu’il venait de lui dire mais ce n’est pas exactement ce que la jeune femme avait en tête. Elle savait que refuser de collaborer pouvait lui être préjudiciable, cependant Danny n’allait pas l’emmener, à quoi ça servirait ? Elle sortirait une heure plus tard et l’état se ferait encore un paquet de fric, non ç ne servirait strictement à rien, il n’avancerait pas.

-Votre amie ? Vous croyez vraiment que le mot amitié est dans leur vocabulaire ? Vous risquez votre vie mademoiselle, que vous le voulez ou non, vous n’imaginez pas la moitié de ce que ces gens sont capables de faire… Mais que vous le vouliez ou non, vous allez coopérer, vous emmenez ne servirait à rien, alors je vous préviens que vous serez surveiller et mise sur écoute, je ne vous apprends rien je pense.

Il voyait des larmes dans ses yeux, elle semblait vraiment imaginez que cette personne, cette jeune femme était son amie, de son côté et qu’elle ne lui ferait rien.

-Comment croyez-vous qu’ils réagiraient s’ils apprenaient que je suis venu vous voir ? La police, ils les sentent à trois kilomètre à la ronde. Ce que je vous dis est dans votre intérêt, vous devriez stopper tout contact avec eux et collaborer avec le FBI, on peut vous protéger.

Nathanaëlle avait une boule dans la gorge. Elle se sentait à la fois soulagée, et en même temps stupide. Elle savait que Bandô nierait avoir eu un lien avec elle, elle savait que son boss, Andrew, n'hesiterait pas à la tuer s'il apprenait qu'elle parlait avec un agent federal. Peut-être la donnerait-il dabord à ses sbires pour qu'il s'en amuse, allez savoir. Elle etait tellement consciente de tous les risques qu'elle prenait qu'elle en avait la nausée. Elle savait que Bandô ne l'aiderait pas comme elle elle l'aidait. Elle savait tout cela.

Et pourtant, malgré ses yeux humides, un sourire naquit sur ses levres. Elle n'etait qu'une idiote. Et c'etait surement ce que devait penser l'agent Stevens. C'est vrai, elle n'etait pas très intelligente de vouloir proteger une fille qui ne ferait pas la même chose pour elle. Mais Stevens ne pouvait pas vraiment comprendre. Enfin, il comprenait peut-être qu'on puisse vouloir proteger quelqu'un, mais à ses yeux Bandô ne devait pas meriter un tel traitement.

" Vous savez, j'ai deja rencontré son patron. J'ai failli me retrouver avec une balle entre les deux yeux. Alors oui, je sais que je risque de mourir à chaques secondes de ma vie, juste parcequ'il m'est arrivé de la voir, elle. Je le sais. Je sais aussi que pour elle, je ne suis pas une amie. Ce que je ressens est loin d'être reciproque. Elle ne m'a pas tranché la gorge, et c'est deja pas mal, mais je doute pouvoir attendre quoi que ce soit de plus, elle est trop... blessée pour ressentir quoi que ce soit d'humain. "

Elle s'interrompit. Elle n'avait pas à parler de Bandô à ce type qui voulait l'arreter. Elle s'eclarcit la gorge et s'essuya les yeux, plus determinée.

" Je me doute bien que vous allez me surveiller. Me suivre partout, filtrer mes appels, lire mon courrier. Peut-être même poser des micros et des cameras dans mon appartement. Ce sera la surveillance la plus ennuyeuse que vous aurez eu à faire, ma vie est d'un morne... " plaisanta-t-elle amerement.

Elle se passa la langue sur les levres et soupira.

" Je ne suis pas en contact avec qui que ce soit d'autres du gang. Et maintenant que vous êtes venus me voir, je ne risque pas de la revoir. "

* Même si ca me fend le coeur...*

" En parlant de ca, je ne vous trouve pas très malin. Si vous n'etiez pas venus me voir, j'aurai continué à frequenter cette personne que vous recherchez, et il aurait facile pour vous de l'attraper. Maintenant, vous aurez beau me suivre partout, vous n'obtiendrez rien de bien utile. Dans un sens, vous avez accomplis une partie de votre mission, vous me protegez sans même vous en rendre compte, parceque je ne la reverrais plus jamais. "

Un sourire ironique fleurit sur ses levres, et une etincelle de fureur brilla dans ses prunelles. Elle en voulait à l'agent Stevens de la priver de Bandô qu'elle aimait beaucoup. S'il n'avait pas été aussi mignon, elle se serait volontiers laisser aller pour lui dire sa façon de penser. Elle le regarda un instant sans mot dire.

" Dites moi agent Stevens, vous l'avez deja rencontrer? Personnellement, je veux dire? "

Elle avait donc déjà rencontrée celui qui était au dessus de tout ce système, ce gang, elle avait d’ailleurs failli y laisser sa vie, mais ce qui semblait le plus l’inquiété c’était de ne plus la revoir, pour elle le fait qu’elle ne lui ai pas tranché la gorge était déjà pas si mal, Danny pensait plutôt qu’elle avait eu la chance de sa vie surtout qu’elle savait que son amitié n’était pas réciproque. Il ne comprenait pas cette jeune femme mais son but n’était pas de comprendre ou pas les gens, c’était de mettre en prison les criminels. Un détail le troubla, elle était trop blessée pour ressentir quelque chose d’humain. Il en savait un peu plus, il avait affaire à une jeune femme perturbée dans son esprit, enfin avec ce dont on l’accusait, ce n’était pas étonnant.

-Les caméras et les micros dans votre appartement je ne pense pas, filtrer vos appels et vous surveiller à distance est déjà une intrusion plus que suffisante dans votre vie privée et j’en suis désolé mais vous ne nous laissez pas vraiment le choix. Quoiqu’il en soit, il serait préférable pour vous que cette surveillance soit morne, pour votre sécurité car bien sûr en venant ici, j’osais espérer vous soutirez des informations qui pourrait m’aider à mettre des membres de ce gang derrière les barreaux mais mon but était aussi de vous protéger en quelque sorte.

Pas très malin ? Il esquissa un sourire, dans le fond elle n’avait peut-être pas tout à fait tort mais ce n’était pas vraiment ça qui bloquerait l’enquête.

-Oui j’ai accompli une partie de ma mission, parce que le but quand on fait partie de la police, c’est aussi de protéger la population. Vous n’entrerez vous peut-être plus en contact avec elle, mais vu qu’elle ne vous a pas fait de mal, je suppose que quelque part, elle a un minimum de sympathie pour vous, elle reviendra vous voir, d’autant plus que votre situation, comme je vous l’ai déjà dit, peut s’avérer intéressante pour ce gang.

Voilà que maintenant, c’était elle qui posait les questions, Danny n’aimait pas vraiment se retournement de situation mais il décida tout de même de lui répondre.

-Non je ne l’ai pas rencontrée, pas encore.

Ainsi donc il n'avait jamais fait la connaissance de Bandô. Il n'y avait rien d'etonnant à cela, Bandô n'etait pas stupide, elle ne se laisserait pas attraper aussi facilement que pouvait le penser la police. Stevens devait le savoir, sinon il n'essaierait pas en ce moment même de soutirer des informations à Nathanaëlle.
La française soupira. Savait-il ce qu'il risquait en s'occupant d'une telle affaire? Nathanaëlle n'avait vu qu'une infime partie de ce qu'Andrew, le boss de Bandô, etait capable. Il l'avait laissé vivre, elle ne savait toujours pas pourquoi. Et elle se doutait que lui et ses semblables etaient en mesure de faire regretter à quelqu'un d'être venu au monde. Alors comment pouvait-on decider de se mettre en danger juste pour les arreter?
Remarque, il etait un peu comme elle. Il se mettait en danger pour ce qu'il croyait être juste. Depuis qu'elle connaissait Bandô, Nathanaëlle vivait de la même manière, d'où sa loyauté envers une jeune femme qui ne ressent pas d'amitié à son egard.

" Vous savez, ce n'est pas en me suivant que vous l'attraperez. Elle est maligne, et en plus elle ne vient jamais vers moi. Croyez le ou non, mais nous nous croisons toujours pas hasard. Si on ne se voit plus, elle n'ira pas à ma recherche. Je ne suis pas grand chose pour elle. Elle refuse mon aide, alors elle n'ira pas s'embeter à venir me voir, surtout dans un quartier comme celui-ci, où elle risquerait de se faire remarquer. Je la connais bien agent Stevens, et si elle refuse de se faire attraper, vous aurez beau y passer toute votre carrière, vous n'y arriverez pas. Pour moi, elle ne se sacrifierait pas. Elle sait depuis longtemps que j'ai assez d'argent pour m'acheter un appart' dans un quartier ultra select, mais elle s'en moque eperduement. Elle ne prendra aucun risque juste pour moi. "

Elle eut un sourire mi-desolé, mi-amusé.

" J'avoue que j'aimerais beaucoup que son boss, ce type horrible, finisse en taule. Mais elle lui voue une loyauté si forte, et elle l'aime tellement, qu'elle preferera mourir plutôt que de le trahir, ou de le laisser croupir en prison. S'il y a une chose que j'ai retenue, c'est qu'en vous prenant à l'un d'entre eux, vous allez vous mettre tout le gang sur le dos. Ils sont très bien organisés, ils vont trouveront, et vous... Enfin, Bandô m'a souvent expliqué ce qu'ils faisaient au gens, mais j'ai du mal à en parler avec autant de legereté qu'elle. " fit-elle avec une grimace.

" Quoi qu'il en soit, agent Stevens. Croyez bien que si cela ne signifiait pas un emprisonnement à vie pour elle, j'essaierais de vous aider. Mais elle a desormais quelque chose de trop important dans sa vie. Et si elle allait en prison, tout tomberait par terre. "

Nathanaëlle parlait bien entendu de l'enfant de Bandô, qui peut-être rendrait la nippone moins violente et plus humaine. La française comptait beaucoup sur cela pour aider Bandô.

Danny écoutait Nathanaëlle, en quelque sorte, elle lui disait qu’il ne l’attraperait jamais car elle était trop maligne, elle ne s’aventurerait pas dans ce quartier et elle ne prendrait même pas contact avec elle. Il eut un sourire amusé quand elle lui dit qu’il aurait beau y passer toute sa carrière, il ne l’attraperait pas mais tout les criminels font une erreur à un moment ou à un autre, il avait réussi à en coincer quelques uns grâce à ça.

-Tout le monde fait des erreurs, elle en fera tôt ou tard que vous le croyez ou non, on ne peut jamais pensé à tout, il y a toujours des imprévus.

Sans s’en rendre compte, elle révélait des choses, elle aime beaucoup son boss, reste à savoir quel type d’amour elle lui porte. De plus, elle avait apparemment quelque chose d’important dans sa vie, restait à découvrir ce que c’était.

-Je suppose que vous ne me direz rien sur elle je me trompe ? Et puis vous savez, rien que le fait que je fasse partie de la police, je suis contre ce gang, comme je suis contre tout les criminels. Car vous qu’elle vous a raconté beaucoup de choses, vous n’êtes pas censé ignorer que des gens sont tué sans aucune raison ? Et tant qu’elle sera en liberté, d’autres gens mouront de ses mains mais après tout, vous avez votre conscience pour vous.

Sa nouvelle technique d’approche ne la ferait sans doute pas changer d’avis, il le savait, il espérait malgré tout que quand elle sera rongée par les remords, elle décidera de parler.

-Enfin j’ai plutôt l’impression que vous me faite comprendre qu’en venant ici, je perds mon temps…

Si elle comptait ne rien lui révéler de plus, il perdait effectivement son temps et il ne voyait pas trop de raison de continuer à le faire.

Des remords, oui elle en avait. De l'inquiétude egalement. Elle etait partagée entre ces deux sentiments et elle ne savait pas quelle voie choisir. Elle ne voulait pas trahir Bandô. La japonaise ne lui avait jamais rien fait, si ce n'est vouloir lui taillader le visage à coup de lames de rasoir dès leur première rencontre. Depuis, leur relation avait evoluée, dans le sens ou Bandô ne souhaitait plus lui refaire le portrait.

C'est cela qui faisait que Nathanaëlle ne pouvait la trahir. D'un autre coté, elle souhaitait tant que Bandô abandonne son milieu, surtout depuis qu'elle était jeune maman. Grandir dans un monde tel que celui dans lequel evoluait Bandô n'etait pas sain pour son enfant, mais etant donné que Bandô n'abandonnerait pas son boss, peut-être faudrait-il que son gang soit dissout. Ce qui inquietait Nathanaëlle, c'etait que si Andrew finissait en prison, Bandô ferait tout pour le faire sortir, et cela n'arrangerait rien du tout. A moins qu'Andrew y laisse la vie.

Elle se rendit compte de ce qu'elle venait de penser, et en fut horrifiée. Souhaitait-elle vraiment la mort du boss de Bandô? Elle ne savait même plus. L'agent Stevens l'avait completement embrouillé.

" Agent Stevens... Si j'etais sûre que Bandô puisse vivre normalement une fois son stupide gang en prison, j'essaierais bien de vous aider... Malheureusement, elle ne changera pas de vie aussi facilement. Pour cela, il faudrait que son boss soit mis... hors d'état de nuire, si vous voyez ce que je veux dire... Oh mon Dieu j'arrive pas à croire que je puisse dire ca! "

Elle se passa la main sur le visage et inspira profondement pour se calmer.

" Bandô vient d'avoir un enfant, agent Stevens. Elle est maman. Et son enfant ne peut grandir dans un monde comme celui de sa maman. Si vous arretez Bandô, l'enfant ira surement dans une famille d'acceuil, et Bandô ne le supportera pas. J'aimerais qu'elle arrete ce qu'elle fait, j'aimerais beaucoup l'aider... Mais je ne sais pas comment... " gemit-elle, le visage caché derriere ses mains.

Danny avait l’étrange impression qu’en lui révélant toute ces choses, elle espérait l’amadouer et qu’il abandonne un peu de la traquer. Même si elle changeait de vie, elle devrait payer pour les crimes qu’elle a commis, même son interlocutrice devait le savoir, surtout que Danny doutait réellement qu’elle veuille changer de vie surtout quand on est si jeune.

Elle voulait la mort de son boss, elle n’était pas la seule, toutes les familles détruitent à cause de ce gang voulait la même chose.
Elle avait donc un enfant apparemment, restait à savoir si c’était la vérité, c’était sûrement encore une manœuvre pour qu’il ait un peu de pitié. Enfin si c’était un mensonge, elle était très bonne actrice.

Danny prit une profonde inspiration, tout ce qu’elle venait de lui dire ne changeait rien, il en avait juste plus appris sur la jeune femme qu’il recherchait.

-Ecoutez … Les crimes ne restent pas impunis même si après une illumination divine, la personne devient un saint ou une sainte. C’est la loi, et rien ne changera à ça, même si elle a un enfant sui effectivement irait dans un foyer d’accueil mais je ne suis pas le plus compétent pour vous parlez de ça.

Le meilleur moyen de l’aider ? Faire en sorte qu’elle aille derrière les barreaux serai déjà bien, mais Danny n’était pas sur qu’elle soit du même avis.

-Le meilleur moyen de l’aider, c’est de m’aider à la coincer. Elle a fait beaucoup de mal autour d’elle … Et si c’est pour l’enfant que vous vous inquiétez, vous croyez vraiment que le mieux pour lui est de vivre dans un milieu pareil ?

Nathanaëlle secoua la tête. Il ne comprenait pas son point de vue. Bien sûr ses decisions, ses reactions etaient en grande partie dictées par son attachement pour la nippone, par l'amitié qu'elle ressentait à son egard. Mais même en souhaitant une vie meilleure pour Bandô, et pour son enfant, sa petite fille, elle ne pouvait se resoudre à envoyer Bandô en prison, car de son avis à elle, ce n'est pas comme cela qu'elle aiderait la japonaise à s'en sortir, si tant est qu'il puisse y avoir un moyen de l'aider à changer de vie.

" Je ne veux pas que Bandô et son enfant soient separés, car cet enfant... represente beaucoup... et... "

Elle s'interrompit et secoua à nouveau la tête. Lorsqu'elle releva la tête, son regard était determiné, ses levres serrées. Toutes traçes de larmes avaient disparues dans ses yeux. Son ton etait ferme, avec une pointe de provocation.

" Je ne vous aiderais pas, agent Stevens. Alors mettez moi sur ecoute. Faites moi suivre. Vous perdrez votre temps. Bandô n'a jamais cherché, ne cherche pas, et ne cherchera pas à me trouver. Si elle ne me voit pas, elle ne s'en souciera pas. Et je ne compte pas aller la chercher. Alors... "

Elle se pencha legerement en avant.

" ... je vous souhaite bien du courage, car vous ne la trouverez... ja... mais... " chuchota-t-elle en insistant bien sur le dernier mot.

Elle se leva.

" Carmen, veuillez raccompagner monsieur à la porte. Il n'a plus rien à me dire. " ordonna-t-elle à sa domestique, qui jeta un regard suppliant à l'agent Stevens mais se dirigea vers la porte à petits pas.

Danny la regardait secouer la tête comme si tout ce lui avait dit ne lui plaisait pas vraiment, en même temps, il n’en doutait pas une seconde. Elle parla, calmement d’abord mais secoua une nouvelle fois la tête et c’est un peu comme si Danny n’avait plus la même personne en face de lui, elle devint soudain en colère, le regard déterminé et un ton beaucoup plus ferme, à la limite de la provocation. Elle lui répéta ce qu’il savait déjà, ce qu’elle lui avait déjà dit.

Mais ce qui le surpris vraiment, c’est quand elle se pencha légèrement en avant, la manière dont elle dit sa dernière phrase étonna Danny, son comportement avait complètement changé en quelques instants. Elle demanda, enfin le mot demander était mal approprié, ordonna plutôt à Carmen, la femme de ménage, de le raccompagner à la porte qu’il n’avait plus rien à faire ici, Danny le pensait aussi mais sa manière de le mettre à la porte n’était pas des plus sympathique. La pauvre femme de ménage sembla même terrifié quand elle le raccompagna. Il se tourna quand même une dernière fois ver Nathanaëlle DuBois, plus pour sa conscience qu’autre chose.

-Si par miracle vous changeriez d’avis, je suppose que vous savez où me trouver …

Il mit sa main sur la poignée et ouvrit la porte, il ne prit pas vraiment son temps pour sortir, l’interrogatoire n’avait rien appris de vraiment important sur l’enquête mais plus sur la vie de celle qu’ils recherchaient.