[Flic-fever : )] ~> Ice's Town

[Hj : Voilà tous les gens qui veulent me faire la peau ou les flics qui souhaitent une vengeance, vous êtes conviés ici ll]

Sa seule lame pour compagnon de voyage, Bāndô partait le cœur léger... Ses affaires l’attendaient à Sapporo, tout ce florilège d’armes et de biens matériels en tout genre, qu’elle s’était constituée sur le territoire américain… Tout ceci lui rappelait les périples qu’elle avait connus à Harvard et à Los Angeles… Pour elle, la page était déjà tournée… Elle se voyait déjà à embrasser la neige des montagnes splendides de l’Hokkaido, celles dans lesquelles elle était née, un soir d’hiver, dans un hôpital de campagne…

Le plan était celui-ci : Shinya l’emmenait loin d’ici, au Canada, là où elle pourrait prendre le prochain vol pour Tokyo, sans encombre, l’état de Californie étant un vrai piège à malfrats… Là elle se rendrait dans un Starbuck, où une certaine Nathanaëlle l’attendait, avec la fille de la nippone, dont l’existence était un secret pour tous…

Le voyage avait été particulièrement long… Insouciante, Bāndô s’était endormie sur le siège passager où elle s’était avachie… Shinya s’était levée de bonne heure pour emmener tôt le matin, son amie, loin de Los Angeles…
Cette décision était irrévocable. Après la confrontation avec Danny Stevens, un agent fédéral qui lui avait rendu la monnaie de sa pièce en la faisant plier à coup de batte de base ball, tout comme elle l’avait fait, Urushima s’était un instant posé des questions sur l’existence marginale qu’elle vivait. Le Fightclub était en déclin, Andrew s’était envolé, il en allait de même pour Ethan, elle n’arrivait plus à tolérer l’amitié de Shinya, et l’affection que lui portait Nathanaëlle faisait naître des doutes sérieux sur son éthique… Cela faisait trop d’interrogations à la fois, surtout pour un cas tel que Bāndô, proprement atteinte par les années noires qui avaient ternis son enfance. Se remettre en question était un fait impensable pour elle, mais pourtant, elle en était là, à s’interroger sur la vie qu’elle menait… Si cela n’avait été qu’une grossière erreur ? Elle était lasse de fuir les flics de tous les comtés… La japonaise devait, plus que jamais, réfléchir à tête reposée, loin de la violence de son quotidien de déchéance… Le besoin irrémédiable de retrouver ses racines, s’était fait ressentir depuis son arrivée sur le territoire américain. Shinya ne l’avait pas perçue, persuadée qu’elle avait trouvé sa place au sein du Fightclub, mais Bāndô était une âme déchirée entre deux états de sa personnalité, comme son amie l’avait toujours ressentie. Ses sauts brutaux d’humeurs n’étaient pas seulement du à son caractère impossible ; elle ne savait pas où elle en était, écartelée entre l’enfant qu’elle était toujours, et cette redoutable adolescente impitoyable, qui faisait tomber les têtes aussi souvent qu’elle expirait… Aucun dossier de police ne pourrait relever cette tare qui fondait presque une bipolarité dans le personnage… Seuls des acteurs récurrents de son théâtre dramatique, pouvait déceler ce mal-être…, comme Shinya...
Et maintenant, elle ne savait plus qui elle était. Ses poings lui dictaient sa conduite, elle s’était laissée allée dans la violence extrême, mais qui pouvait s’imaginer que mentalement, elle s’était arrêtée de grandir à l’âge de six ans ? Les fédéraux ne se doutaient pas qu’ils courraient après une gamine tombée trop tôt dans la dépravation…

Mais bientôt, tout ceci prendrait fin : elle n’expierait jamais pour ses crimes, et elle allait rentrer à Sapporo, blanchie… Malheureusement pour elle, les choses allaient se passer autrement… Les policiers de Los Angeles avaient été averti de sa fuite, par l’un des membres du Fightclub, qui avait alors écouté aux portes, assez pour savoir que la nippone préparait son départ pour le Japon. Cela, elle ne s’en doutait pas, et pour le moment, elle se voyait bercée par les bras de Morphée…

Son sommeil prit fin ; elle rouvrit difficilement les yeux : un voile blanc l’aveuglait, Bāndô mit du temps à s’habituer à cette luminosité surdosée. Elle ne comprenait pas où elle était, elle s’affola même un instant, mais dès qu’elle sentit l’odeur du cuir des sièges de la voiture de Shinya, elle se rassura. Mais qu’était-ce donc que cela ? Au bout d’un moment, elle vit plus clair, et elle laissa apparaître la stupéfaction sur son visage, qui relevait plutôt de l’émerveillement : de gracieuses montagnes s’élevaient dans le paysage immaculé. La neige avait fait son œuvre, recouvrant les monts de son manteau blanc…
La japonaise se crut dans un rêve, était-elle déjà arrivée ? Instinctivement, elle ouvrit la porte de la voiture en marche ; Urushima se laissa tomber dans les bras des montagnes : son corps blessé par l’altercation avec Danny, chuta en contrebas, dévalant une pente abrupte. Allongée dans la neige, son visage rencontrait la poudreuse glacée… Elle respira longuement l’air saturé, profitant de cet instant divin… Bāndô ne bougeait plus d’un cil, ses mains empoignant l’herbe qui étouffait sous cette parure blanche… Elle ferma les yeux, bercée par l’environnement qui ressemblait tant à la beauté des reliefs de l’Hokkaido… Mais quelque chose clochait… et, recroquevillée dans la neige, Urushima se sentit comme…piégée…
Soudain… tout paraissait faux…

Les sirènes de police retentirent au loin…
Sa première rencontre avec le Canada n’était pas celle qu’elle avait espéré…

Shinya roulait depuis toute la journée et ils atteignaient enfin le Canada. Le paysage était tout blanc mais elle ne l’admirait pas. Une seule chose était dans son esprit : elle allait bientôt devoir dire adieu à Bandô. De plus, elle stressait à chaque fois qu’elle percevait une voiture de la même couleur que celles des flics dans son rétroviseur. Son amie dormait à côté quand elle se mit à gigoter. La japonaise venait de se réveiller. En continuant de conduire, elle la regardait émerger par petits coups d’œil. Elle vit son sourire devant les étendues neigeuses, elle se croyait sans doute chez elle.

Et sans que Shinya n’ait pu réagir, la porte s’ouvrit et Bandô dégringola une forte pente enneigée. Shinya se gara et regarda par-dessus la balustrade. Son amie ne semblait avoir rien, elle semblait juste en paix. Et elle sourit, Bandô semblait vraiment retrouver le Japon. Son sourire s’effaça au bruit des sirènes. Elle resta immobile quelques secondes. Elle n’aurait pas le temps de récupérer Bandô pour fuir en voiture, mais elle n’allait pas la laisser là… Et si elles se faisaient prendre toutes les deux ? Ce serait stupide.

Shinya se rua dans sa voiture, en sortit une arme de circonstance : une kalachnikov. Elle avait décidé d’essayer d’aider son amie et suivant le nombre de flics, elle fuirait avec la voiture. Si son amie finissait derrière les barreaux elle ferait tout pour la faire sortir. La nipponne s’allongea dans la neige ne prêtant pas attention à ses jambes nues frigorifiées et se plaça de sorte à tirer quand les flics se ramèneront. Elle chuchota :

« Ils ne nous auront pas sans perdre une bonne dizaine de leurs collègues… »

Le contraste avec Los Angeles était saisissant, la froideur de la frontière canadienne le paralysait littéralement sur place. Il s’en voulait presque de se plaindre des chaleurs californiennes. Il était là dans la voiture, une doudoune sur le dos et un café congelait à la main à attendre sa vengeance. Il n’était même pas autorisé à être là, il avait jouer son petit jeu de comédien pitoyable à Ella pour qu’elle accepte finalement à contrecoeur de le prendre avec lui.

Comment ils savaient qu’Urushima tentait de s’enfuir en passant par le Canada avant de prendre un avion direction le Japon et sa ville natale ? Il y avait peut-être des flics corrompus mais tous ne tenaient pas leurs langues non plus de l’autre côté. Malgré les couches de vêtements qu’il avait enfilés, il était complètement frigorifié au point de s’endormir jusqu’à ce que la radio s’affole subitement, il reconnut immédiatement la voix de son chef, qui en passant, ne savait pas qu’il était présent.

-A toutes les unités, le loup est dans la bergerie.

Danny leva un sourcil, se retenant de rire, c’était lui qui avait choisit un nom pareil c’était certains. Aussitôt, Ellanora démarra, se dirigeant vers l’endroit où avait été signalé la voiture, qui apparemment s’était arrêtée, restait à savoir pour qu’elle raison elle perdait son temps, elle n’était pas s’en savoir qu’elle était recherchée.

Une fois arrivé à l’endroit, c'est-à-dire 2 minutes plus tard, la voiture était toujours à l’arrêt et aucune trace de la nippone, c’était bien trop calme.

Quel froid! Nathanaëlle devait avouer qu'en France, on n'avait pas d'hiver aussi rigoureux que le temps qu'il faisait en ce moment au Canada. Elle n'était guère habituée, mais elle devait avouer que les paysages étaient magnifiques. Bien emmitouflée dans une epaisse doudoune qu'elle avait payé cher, elle regretta de ne pas avoir acheté de bonnet et de gants, mais elle songea qu'il serait toujours temps de renouveler sa garde robe une fois arrivée à Sapporo.
Car elle partait. Elle avait encore du mal à y croire, mais elle quittait les States pour partir vivre au Japon. Pourquoi? Pour suivre Bandô. La japonaise lui avait proposé de partir avec elle, et Nathanaëlle avait acceptée. Elle n'avait pas eu beaucoup de temps pour preparer son depart, elle avait juste acheté des vetements chauds, qu'elle portait -un jean, un pull en laine, et des bottes fourrées. Puis elle était passée prendre la petite fille de Bandô, à qui elle avait acheté de chauds vetements bien confortables pour lui eviter un rhume, et Nathanaëlle avait pris l'avion pour se rendre dans le Nord.

Arrivée dans la grand et belle ville dans laquelle elle devait retrouver Bandô, Nathanaëlle, poussant l'enfant de la nippone dans une poussette dernier cri-elle n'avait pu s'empecher de l'acheter avant de partir, en songeant que cette enfant allait être pourrie gatée avec elle- se dirigea vers le Starbuck que Bandô lui avait indiqué.
La chaleur qui regnait à l'interieur lui fit du bien, après le froid qui regnait dehors. Elle s'installa à une table, ota sa veste et ota le manteau de l'enfant pour la prendre dans ses bras. En une journée, elle avait pris davantage confiance en elle, et la tenait avec plus d'assurance que la première fois. Elle commanda un chocolat chaud, et un lait sucré tiède, fit un scandale parceque le lait était trop chaud, puis donna le lait à la petite fille qui la regardait de ses yeux perpetuellement etonnés.

" Nous sommes en avance, ta maman ne doit pas arriver avant une heure. Nous allons l'attendre, d'accord? " murmura Nathanaëlle avec tendresse, un sourire aux lèvres.

Assise au volant de son 4x4, augmentant sans cesse le chauffage, pas pour elle mais pour son frileux de coéquipier qui avait réussi par on ne sait quel moyen à la convaincre de l’emmener avec elle alors qu’il était supposer être au repos ou du moins au bureau à se noyer dans la paperasse une fois de plus. Après tout si elle avait accepter c’était pour plusieurs raisons. Le trajet de L.A. en voiture… quelle idée au lieu de prendre l’avion, mais non le boss l’avait averti dès que les deux nippones avait quittés la ville et Ella était celle qui se trouvait le plus près. Du renfort les attendrait au Canada, les autorités ayant bien entendus été prévenue et les photos des deux criminelles circulait déjà partout aux abords de la frontière. Pour un trajet comme celui-ci autant avoir de la compagnie. Et cela dit elle se sentait moins anxieuse à avoir Danny avec elle, même s’ils étaient en train de suivre deux des plus dangereuses psychopathes qu’ils avaient rencontré dans leur carrière, elle préférait le savoir avec elle qu’à Los Angeles en train de jouer les super héros sans autorisation et passer à nouveau par la case hôpital.

Ils s’étaient arrêtés sur ordre du chef qui bien entendu ne se doutait pas que Danny accompagnait sa coéquipière. Elle avait profité d’être arrêter pour se reposer un moment mais bientôt la voix de son boss résonnait dans la radio : le loup est dans la bergerie… non mais il avait pas trouver mieux ! Elle secoua la tête négativement, levant les yeux au ciel. Prenant la radio elle parla à son tour plus ironiquement que par provocation.

- les castors bronzent à Honolulu ça vous plaisait pas chef ?

- très drôles Walkers, allez y mais faites attention à vous !

- Comme toujours…

Elle démarra coupant la radio pour permettre à Danny d’exploser de rire sans retenue après s’être forcé de ne pas se faire remarquer. Elle roula pendant quelques minutes pour aperçut la voiture des deux fugitives stoppée sur le bas coté, portières ouvertes. S’arrêtant à une distance raisonnable, ni trop proche ni trop loin. Elle regarda son coéquipier.

- Là y a un truc qui joue pas… elles sont où, j’ai comme l’impression qu’on va s’en prendre plein la gueule Danny, met ton gilet et prépare toi je sens qu’on va pas tarder à les revoirs nos chères copines…

Disant cela elle mettait elle-même son gilet pare-balles, vérifia le chargeur de son 9mm ainsi que le chargeur supplémentaire qu’elle glissa à sa ceinture. Elle regarda le long étui noir posé sur le sol derrière leur siège contenant son fusil de précisons 12mm. Elle ne s’en était plus servit en service depuis qu’elle avait intégré le FBI mais elle continuait de s’entraîner n’ayant cependant pas persévérée dans la formation de tireur d’élite, elle restait tout de même très douée. Elle regarda ensuite Danny qui avait lui aussi les yeux sur l’étui, sachant ce qu’il contenait.

- J’espère sincèrement qu’elles ne vont pas m’obliger à m’en servir.

Elle prit tout de même l’étui, vérifia le fusil puis le reposa sur le sol de la voiture, espèrant de tout son cœur ne pas à avoir à s’en servir.

Shinya était postée en haut de la colline, non loin de la voiture…
Quant à Bāndô, elle n’avait pas bougé d’un cil, et il valait mieux pour elle qu’elle reste là où elle était car un mouvement suspect de sa part et on découvrirait vite sa position. Par chance, le relief n’était pas complètement plat dans cette cuvette où elle s’était laissée tombée. De plus, sa chute l’avait recouverte de neige. Ils ne la voyaient pas et si elle se faisait discrète, il n’y avait aucun raison qu’ils la localisent. Rampant dans la neige, elle avança vers une monticule qui la cachait entièrement… Les policiers grelottaient, Shinya devait sans doute être frigorifiée, mais si il y avait bien quelqu’un d’a l’aise dans ce froid sibérien, c’était bien Bāndô, qui, habituée à des températures extrêmes, se sentait comme un poisson dans l’eau malgré sa consistance faible et ses blessures récentes.

Elle observa alors la route, sur laquelle était postés des camions de police… trois, pour le moment… Pourtant elle espérait qu’ils étaient tous présent et qu’il n’y aurait pas de renforts… Glissant sa main dans sa veste, elle sortit un calibre ; Shinya avait insisté auprès de son amie pour qu’elle en porte, au moins durant le voyage… Elle la remerciait de là où elle se trouvait…
Il ne s’agissait plus de s’amuser à liquider des agents de polices, il en allait cette fois-ci de sa vie, de sa liberté, et d’une promesse, celle de retrouver Nathanaëlle à l’endroit indiqué, et de s’envoler pour Sapporo, là où elle élèverait sa fille… Du plus profond de son esprit, elle maudissait les représentants de l’ordre présent pour lui faire la peau… Il avait fallu qu’ils viennent en masse le jour de son départ… Mais elle ne les laisserait pas faire… Ils allaient périr et comprendre la douleur, tout cela pour avoir voulu jouer les super héros… Elle les haïssait…

« On va réchauffer l’atmosphère… Sales flics…Je vous laisserais pas me pourrir… Shinya… j’espère que tu as la même idée que moi… »

Priant pour qu’elle réussisse, Urushima mit en joue sa cible : il y eut trois coup de feu, puis une explosion… Elle venait de cribler de balles, le moteur d’une des camionnettes, le réduisant en miette, lui et ses passagers, grâce à la mécanique de ce qui fut leur tombeau… La japonaise n’attendit pas des lustres avant de récidiver, il fallait faire vite si elle ne voulait pas être repérée… Le deuxième camion de police prit feu avant de sauter à son tour, un policier était arrivé à sortir des flammes, alerté par la première explosion…
Bāndô mit en joue le troisième camion, avec en son bord, Ellanora et Danny…

Shinya se félicita d’avoir obligé Bandô à prendre une arme à feu, et elle vit très vite l’efficacité de son amie. Oui, elle avait la même idée qu’elle, qu’ils repartent tous les pieds devant tandis que Bandô s’enfuirait d’ici, qu’elle regagnerait le Japon. L’étau se resserrait de plus en plus, les deux nipponnes étaient trop connues dans ce pays, et même sur ce continent apparemment. Mais Shinya ne se voyait pas retourner dans son pays, elle aimait ce danger quotidien, ce risque perpétuel et le crime était une vraie institution ici.

Avec toutes les munitions à ses côtés, elle commença à vider son chargeur en direction des camions comme son amie. Et les deux premiers véhicules explosèrent, il n’en restait plus qu’un même si des renforts allaient certainement débarquer. Shinya ne s’arrêtait pas de tirer et de recharger mais elle sentait que cette fois-ci ce serait plus difficile. Elles étaient isolées, sur un terrain qu’elles ne pratiquaient pas quotidiennement et il semblait qu’ils ramenaient un véritable escadron. Des sirènes retentissaient d’ailleurs au loin.

Chères copines ? Elle y allait un tout petit peu fort, elles avait juste donner l’occasion à Danny de se faire humilier et de faire deux petits séjours à l’hôpital, l’un beaucoup plus long que l’autre, il avait d’ailleurs failli passer l’arme à gauche. C’était ça qui l’avait poussé à convaincre sa coéquipière de le prendre avec lui malgré le fait qu’il était au repos, donc censé s’occuper de la paperasse bureautique et surtout, en évaluation. Qu’est-ce qu’on avait dit de lui encore ? Ah oui, des décisions irréfléchies qui conduisaient à des tentatives de suicides involontaires … Et bien on était en plein dedans. Il écouta le conseil d’Ella et mit son gilet par balles en dessous de sa grosse veste même s’il n’était pas certains de le garder longtemps, ça l’oppressait un peu de trop à son goût avec ses récentes blessures. Ella se retourna pour voir son fusil, elle espérait ne pas s’en servir, il ne fallait pas trop se faire d’illusion.

-Je crois qu’elles ne te laisseront pas vraiment le choix.

Il entendit le bruit d’une explosion et tourna rapidement la tête, une voiture de police venait d’exploser, ça confirmait que les nippones étaient toujours dans le coin et de plus, elles semblaient les avoir repérer tout en restant à l’abri de leur côté.

-Bordel de merde Ella, on ferait mieux de sortir si on ne veut pas finir en poulets trop rôtis.

Accompagnant le geste à la parole, il sortit de la voiture, son arme en main. C’est à ce moment que d’autres voitures arrivèrent, de l’une d’elles sortit ni plus ni moins que son chef.

-Bon sang Stevens vous savez ce que veut dire le mot repos ? Et est-ce que je dois vous rappeler que vous êtes en éval…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une seconde voiture explosa. Il regarda autour de lui, il neigeait, tout était blanc, impossible de repérer les deux japonaises. Il s’adressa d’ailleurs à celles-ci.

-Vous comptez sortir de votre cachette et rendre les choses beaucoup plus intéressantes ou pas ? Personnellement, j’ai un petit compte à régler avec chacune de vous …

Sirotant tranquillement son chocolat chaud, Nathanaëlle s'était acheté un livre qu'elle lisait, la petite étant endormie dans la poussette qu'elle bercait doucement. Elle frotta son doigt endolori, que la petite avait mordillé avec acharnement lors d'un caprice. Nathanaëlle ne s'y connaissait pas beaucoup, mais apparement elle faisait ses dents. Beaucoup de pleurs en perspective.

Elle soupira, et leva les yeux vers l'horloge murale, en face d'elle. Cela faisait une demi-heure qu'elle attendait. Elle pensait que Bandô arriverait un peu en avance, mais visiblement ce n'était pas le cas. Il lui tardait de quitter cet endroit, les gens commencaient à la devisager avec curiosité, s'étant rendue compte du peu de difference entre l'enfant aux yeux bridés, et elle. Nathanaëlle n'avait pas l'habitude d'être autant au centre de l'attention, et cela ne lui plaisait pas.
Avec un nouveau soupir, elle ferma son livre, pour focaliser son attention sur la télévision, qui diffusait un reportage bidon, sur un affrontement entre la police et des malfrats, en pleine campagne enneigée. Elle detourna les yeux, peu interessée, et regarda un instant la neige tomber. Il lui tardait que Bandô arrive.

L'air las, elle se recommanda un chocolat.

Ellanora n’eut pas le temps de répondre à la remarque de son collègue lorsqu’il lui dit que les deux nippones ne leur ferait pas de cadeau et qu’elle devrait très certainement se servir de son fusil. Une explosion, ou plutôt de l’explosion d’une des deux voiture qui se trouvait devant la leur les fit réagir au plus vite.

Lorsqu’une deuxième voiture explosa Ella et Danny ne mirent pas longtemps à comprendre que la prochaine serait la leur et tous deux sortirent rapidement de la voiture. Ella entendit son chef sortir d’une des voitures en hurlant contre Danny. Elle allait lui répondre que c’est à elle qu’il devait s’en prendre lorsqu’elle n’eut que le temps de s’éloigner de la voiture que celle-ci partit en fumée. Elle n’avait pas eu le temps de se mettre assez loin, allongée dans la neige l’agent sentait sa jambe la faire souffrir atrocement. Regardant sa jambe elle comprit ce qui lui causait cette douleur, les vitres avait volés en éclats, un grand nombre d’éclats étant venus se ficher dans sa jambe.

Elle entendit Danny s’énerver après les deux nippones que personne ne voyait à cause de la météo qui n’était pas vraiment du coté des forces de l’ordre. Danny de l’autre côté de la voiture ou plutôt de ce qu’il en restait à savoir une carcasse fumante. Elle l’appela, elle savait qu’elle ne pourrait pas participer autant qu’elle le voulait, du moins sur ses deux jambes à la capture des deux furies.

- Prend mon deuxième chargeur et promets moi qu’on va les avoir sans qu’on finisse tous les deux à la morgue !

Elle se mit à couvert derrière la carcasse de la voiture, Danny poussant vers elle la boite noir contenant son fusil qu’elle arma et elle s’allongea à plat ventre, à l’abris des regard mais avec une visibilité de tire dont elle n’aurait pas pu espérer mieux. Il suffisait que les deux nippones se montrent et elle pourrait enfin se resservir de son arme trop longtemps réservée pour le stand de tir.

Putain de fédéraux.

Ces têtes de linotte s'étaient embarqués dans une aventure un peu trop dangereuse pour eux, Kurt en était certain. Ces saloperies de gratte papiers avaient réussi à décoller leur cul bien gras de leur fauteuil en cuir, mais cela serait il suffisant pour arrêter des tarées comme Shinya et Bandô. Pourquoi était il là lui ? Kurt Vargas n'était il pas un policicer de Los Angeles, protecteur des anges et même des démons peuplant cette ville qui toujours brille ? Si bien sûr, mais il n'allait pas rester les bras croisés en attendant que les pauvres pétasses passent la frontière. Sans compter qu'il avait des choses à régler avec les deux femmes. L'une l'avait insulté et gêné durant une enquête, l'autre lui avait correctement salopé son appartement.

Alors quand Kurt avait appris ce qui se tramait, ni une ni deux il s'était rendu à l'armurerie, avait enfilé un gilet pare balles, pris un fusil d'assaut Colt M4 équipé d'un lance grenade intégré et d'une lunette de visée et enfin s'empara de quelques grenades lacrymogènes. Il ne fallait pas oublier son habituel Desert Eagle.50, son arme qu'il portant en chaque instant. Il s'était longuement demandé s'il lui fallait rameuter une équipe du SWAT. Mais pour ce faire il lui aurait fallu l'accord du boss, et il ne l'aurait certainement pas eu, et l'inspecteur de 46 ans avait donc décidé de partir seul à bord d'une voiture de fonction. En effet, il ne voulait pas risquer d'abîmer sa belle cadillac noire. Sans omettre qu'il venait de la faire vernir.

Il était donc parti seul, un peu en retard certes, mais pas assez pour manquer le dernier acte du spectacle qui se préparait.

Il avait donc parcouru de longs kilomètres, se dirigeant grâce à la radio qui lui indiquait le parcours emprunté par les fuyards et les poursuivants. Le voyage avait été long, et avait fini par être égayé par les explosions presque simultanées de deux véhicules de police :

" MERDE ! MERDE ET MERDE ! Putain de fédéraux, vous en avez jamais rien eu à battre des flics, jamais. Toujours en train de protéger vos petits culs dorés sans un merci ! "

Kurt avait frappé son volant de son poing violemment, furieux contre les salauds qui conduisaient cette opération sans avoir rien à foutre des hommes impliqués là dedans. Mais sa rage trouva bientôt un nouveau catalyseur, cette salope qui tenait sa kalach, qui ne pouvait être que Shinya ou Bandô.

Le flic avait un plan : il essayerait de déclencher une intense fusillade et de buter l'une des deux femmes, ou les deux si possible. Il voulait voir la neige rougie par leur sang, ou moisie par leur cervelle.

Quand l'homme arriva en vue des deux carcasses de camions brulés, il freina et finit par stopper sa voiture à environ cent mètres de la fusillade. Il avait une bonne vision des lieux, et aperçut le lieu d'où tirait la forcenée. Grâce à sa lunette de visée, il s'aperçut que c'était Shinya. Où était donc Bandô ??? Il allait devoir faire très attention, mais cela, il en avait l'habitude. L'homme décida de prendre les fuyardes à revers, sans s'annoncer, et commença à s'engouffrer dans la neige du bas côté, assez profondément d'ailleurs pour pouvoir les contourner, Il avança ensuite vers elle doucement, et s'arrêta finalement derrière un arbre à 70 mètres de la franc tireuse.

Shinya s’imaginait déjà la suite des choses… Mais il fallait être réaliste, elles étaient dans une sacrée merde… Bāndô, qui, à l’accoutumée, se fondait dans des élans kamikazes peu recommandables, se mit à penser à « l’après », et à se laisser dire qu’elle pouvait perdre pour de bon au jeu du chat et de la souris… Cette fois-ci, il y avait des enjeux… Un instant, elle se maudit de s’être mis sur le dos, deux fardeaux tels que l’enfant qui l’attendait, et cette fille qui s’était tellement attachée à elle… Elle renia leur existence le temps de se remémorer sa vie de marginale, où elle n’avait pas à penser aux conséquences de ses actes… Urushima avait failli à son éthique, et le résultat était là, au lieu d’imaginer quelle stratégie elle allait adopter pour se donner un maximum de plaisir à la boucherie, quitte à y perdre la vie, elle se lovait dans la neige, restant campée sur sa position, à se poser la question de savoir si Nathanaëlle userait un paquet de mouchoir ou si elle irait directement déverser ses larmes dans le jupon du premier venue… Satanée gosse de riche… Et tous ces flics qui étaient là comme des vautours, à attendre leur vengeance contre les deux blondes… Bāndô haïssait cordialement le monde à ce moment là… Elle ne répondit pas à la provocation de Danny, ne voulant pas trahir sa présence… Mais elle aurait volontiers craché son venin, pour lui faire rappeler à quel point sa tentative médiocre de dorloter sa conscience pour se sentir « vengé » vis-à-vis d’elles, était déraisonnée, et parfaitement inconvenante, car elle était à deux pas du Canada, et un quart d’heure plus tard, ils n’auraient plus entendu parler de la nippone… Mais non, il fallait qu’ils la pourrissent jusqu’au bout… Ils allaient amèrement le regretter… Nourrir la haine de cette japonaise qui par ses instincts d’assassines s’approchait plus de l’animal que du sentimentalisme humain, n’était pas la meilleure idée qu’ils avaient eut…

Danny sortit de la fourgonnette ; aussitôt, Bāndô visa, attendant le moment propice pour faire feu. Dès qu’il s’immobilisa, il fut la cible d’un myriade de balle qui vinrent se ficher on ne sait où dans son corps, la visibilité laissant à désirer, puis ce que la nippone dirigeait ses tirs en se canalisant sur la seule silhouette du policier… Vidant son chargeur, elle le remplaça, faisant toujours attention à la discrétion de ses gestes… Elle voulut plomber la seconde silhouette qui s’échappa de la camionnette mais celle-ci était déjà à terre…
Alors qu’elle songeait à se trouver un autre poste, Urushima arrêta de respirer : des pas se dirigeait vers elle, ça y est, ça allait se finir comme ça ? On l’avait prise par derrière et elle mourrait lâchement, fusillée dans le dos ? Mais tandis ce qu’elle s’imaginait la longueur démente de son épitaphe, insultant tout être sur terre, elle entendit les pas s’éloigner d’elle… Qu’est ce que ça signifiait ? Lentement, sans faire un seul bruit, elle tourna la tête vers l’inconnu, qui au final ne lui était pas si étranger qu’elle pouvait le penser… A la seule vue de cette pourriture, sa rage monta en flèche, allant jusqu'à lui miner la cervelle, occultant toutes pensées positives…
Après leur altercation, elle avait trouvé un compromis avec l’un des gardes qui tournaient en rond devant sa cellule, cela ne l’étonnait plus : la promesse de passer la nuit avec les créatures du Pacha, et tout hommes normalement constitué, se laisser tenter par le Diable, tous sauf ce beau salaud de Kurt… De plus, il avait quelque chose qui lui appartenait… et elle comptait bien le reprendre : une équipe de son ancien gang nippon, dispersés par des conflits intestins, ralliés maintenant à Bāndô, devaient retourner l’appartement de Kurt dans les deux prochains jours, et ramener le katana à la propriétaire…

Il visait Shinya, prêt à l’abattre en appuyant simplement sur la gâchette : elle devait faire vite… Il ne fallait pas compter sur une arme à feu, ce n’était pas des novices, ils avaient sûrement des gilets par balle…
Bāndô sortit alors délicatement son couteau de sa poche intérieur de sa veste, ne laissant pas présager sa présence à ce cher Kurt… Elle rangea son calibre... Se glissant dans son dos tel un serpent, elle ne soufflait mot, buvant des yeux le crâne du policier qu’elle comptait bien briser… Impossible de lui couper les tendons pour le déstabiliser, les chaussures de sécurité ne défaillant pas face à une lame, il fallait donc improviser…
Urushima surgit enfin, plantant son couteau dans la carotide de l’agent : elle avait du monter sur son dos pour se faire, telle une vraie harpie, prêt à déchiqueter chaque membre de son ennemi… Tout en enfonçant plus profondément sa lame, ne sachant pas encore si elle avait atteint sa cible- à vrai dire elle ne regardait plus- ses yeux braqués sur la silhouette de Shinya, elle hurla...

« TIRE TOI !!! »

Les flics arrivaient de plus en plus nombreux, et Shinya sentait sans vouloir se l’avouer que l’étau se resserrait dangereusement. Elle jeta un coup d’œil à sa voiture puis à Bandô. Elle aurait pu fuir et la laisser ici, mais elle ne put s’y résoudre. Pas immédiatement, elle devait tenter quelque chose. Tapie dans son manteau de neige glacial, Shinya vit un flic se faire éjecter d’un des camions en flammes, il se mit à se rouler au sol pour éteindre le feu qui brûlait ses vêtements. Un coup de Kalash abrégea ses souffrances. Puis elle vit Danny se faire cribler de balles tandis que sa collègue, celle qui les avait dérangées au Game center tombait au sol. Elle tira sur un nouvel arrivage de flics, deux agents tombèrent en rougissant la neige.

Shinya rechargea son arme en se disant qu’elles n’arriveraient pas à s’en sortir, qu’il n’y aurait pas assez de munitions et pas assez de neige pour les camoufler bien longtemps. En s’appliquant à abattre le plus de policiers possible, elle n’avait pas vu L’inspecteur Vargas se glisser derrière elle, et elle n’avait pas vu non plus Bandô se diriger vers lui. Quand son amie se mit à hurler : « TIRE-TOI ! », Shinya sursauta. Elle fit volte face brusquement pour voir la scène qui se déroulait. Bandô était sur le dos de l’homme avec son couteau sous sa gorge, ou déjà plantée.

Son geste brusque l’avait faite repérer, des balles fusèrent dans sa direction. Elle roula sur le sol prenant plusieurs projectiles. Ce que Bandô faisait en ce moment était mieux qu’une déclaration d’amitié qu’elle aurait pu lui rendre lors de leur dernière entrevue dans le QG du Fightclub. Bandô allait se faire prendre pour permettre à son amie de s’enfuir et Shinya savait que le mal était déjà fait. Bandô était à découvert, elle était déjà perdue alors elle n’allait pas gâcher ce sacrifice en refusant de fuir. Même si elle supportait mal de commettre un tel acte de lâcheté, elle réfléchissait très vite tandis qu’elle roulait vers sa voiture. Et elle vint à la conclusion qu’il fallait qu’elle s’échappe, elle pourrait ainsi aider son amie de l’extérieur si jamais elle se faisait réellement prendre, de plus Bandô ne réagirait pas bien si elle refusait de partir.

Elle grimpa dans sa voiture sous la pluie de balles, la Kalachnikov était restée dans la neige avec les munitions. Baissant la tête, elle démarra la voiture dont les vitres explosèrent. Elle mit un violent coup d’accélérateur et de la neige vola. Un pneu explosa mais elle s’en moquait, il fallait qu’elle disparaisse. En passant devant Bandô elle hurla par la fenêtre brisée en japonais :

« Compte sur moi. La Kalach est par terre. »

Elle espérait que son amie ait saisi ses mots malgré le bruit du moteur et la situation. Elle aurait voulu lui dire autre chose, « merci » par exemple. Elle aurait voulu lui montrer sa reconnaissance pour l’avoir une fois de plus sauvée, elle aurait voulu l’embarquer dans sa voiture et rouler jusqu’à ce qu’elles traversent le Canada, voler au dessus du Pacifique et retourner au pays… Simplement pour Bandô, simplement pour son amie…

Mais elle repartait dans le sens inverse, elle retournait vers la Californie, elle avait échoué dans la dernière chose qu’elle devait effectuer pour son amie et elle dut se mordre les lèvres, non pas à cause des blessures que les armes à feu lui avaient infligées mais pour ne pas pleurer.

Ella l’appela, il recula doucement, le regard toujours fixé vers la voiture et pour le moment il ne voyait aucun mouvement si ce n’est les voitures qui explosaient. Il savait que les deux japonaises allaient tôt au tard manqué de munition et les forces de l’ordre était beaucoup nombreuses qu’elles, elles ne s’en sortiraient pas cette fois. Il détourna le regard une seconde, une de trop certainement pour voir Ella sur le sol, la jambe en sang, des éclats de verre à plusieurs endroits.

-Ca va aller ?

Il n’entendit pas sa réponse, il sentit une douleur, ou plutôt plusieurs douleurs atroces. Il venait une fois de plus de se faire tirer dessus, à croire qu’il passait sa vie à ça. Il tomba lourdement sur le sol, ouvrant ses yeux qui s’étaient fermés par réflexe, il vit des policiers tombés au sol, morts. Une fois de plus, il avait de la chance si on pouvait appeler ça ainsi. Il jeta un regard à lui-même, son bras gauche et sa le bas de sa jambe droite était en sang, là où il devait avoir reçut les balles car pour le moment, il avait mal partout, ses anciennes blessures s’étaient quelque peu réveiller, il n’était pas censé bouger trop brusquement sous peine d’ouvrir ses points. Il tenta de ramper comme il le pouvait pour venir rejoindre sa coéquipière là où il serait à l’abri avant de se prendre une autre balle et cette fois en plein dans le crâne, son gilet par balle venait tout de même de le sauver de deux ou trois blessures supplémentaires. Sa respiration était haletante, alors que quelques minutes auparavant il avait froid, voilà que maintenant, il avait chaud. Il tenta de respirer plus lentement, il ne pourrait pas aider ses collègues sinon.

Des cris se firent entendre, Danny se releva du mieux qu’il put, il s’approcha le plus rapidement possible de l’endroit d’où venait cette voix mais fut stoppé net quand il vit Makkuro courir et se diriger vers sa voiture. Danny ne réfléchit pas une seconde, il visa la nippone et tira, celle-ci évitait ses tirs et entra dans sa voiture, démarrant en trombe, Danny continua de tirer jusqu’à ce que son chargeur son vide, d’un geste rageur, il changea son chargeur, une japonaise venaient de leur échapper.

Cela commencait à devenir étrange. Nathanaëlle ne savait pas si Bandô était du genre à être toujours en retard, ou si au contraire elle était plutôt du genre ponctuelle. Cependant, elle devait avouer qu'elle commencait à trouver le temps long,assise comme cela à attendre. Bien sur, étant donné qu'elle était arrivée à l'avance, cela lui faisait plus longtemps à attendre. Mais tout de même...

L'air absent, elle tripota le fermoir de sa montre en argent, le regard dans le vide.

" Excusez-moi mademoiselle... " fit une serveuse, l'air hesitant.

Nathanaëlle sursauta et leva les yeux vers la jeune femme.

" Vous attendez quelqu'un? " demanda celle-ci. " Vous êtes ici depuis une heure, et... personne ne vient, alors, euh... "

Nathanaëlle se rendit compte du triste tableau qu'elle et le bébé devait former. Une mère célibataire, abandonnée par le père de l'enfant, voila ce que tout ls monde devait penser en la regardant.
Vexée, Nathanaëlle fronça les sourcils.

" J'attends une amie. Mais comme c'est une psychopathe en puissance, je suppose qu'elle doit être en train de trucider un ou deux agents fédéraux. " dit-elle calmement. "Que voulez-vous, c'est le prix à payer lorsqu'on fait partie de l'un des gangs le plus puissants de la Californie... "

Satisfaite de son effet, elle commanda un lait sucré, et après avoir verifiée que l'enfant dormait, elle fit quelques pas vers la fenêtre.
Elle avait une drôle de sensation, au creux de l'estomac, comme si elle se sentait anxieuse. Elle mit cela sur le compte de son depart qui, il fallait l'avouer, était un peu precipité.
En retournant s'asseoir, son attention fut attirée par le programme que diffusait la télévision. Toujours cet affrontement entre les membres des forces de l'ordre et les membres du gang. A en croire les images retransmises à la télévision, c'était assez violent. Nathanaëlle songea vaguement que si Bandô s'était trouvée àla place des voyous, elle n'aurait fait qu'une bouchée des policiers.

Allongée à l’abri, hors de vue sous la carcasse de la voiture, Ellanora sentait de terribles douleurs dans sa jambe, bien que le froid de la neige l’anesthésie quelques peu, elle ne pouvait pas bouger de sa planque sans risquer de se prendre soit une balle perdue, soit d’être dans le champ de vision des deux nipponnes.

Elle vit Danny s’approcher puis tomber à terre touché par une rafale lancée par Makkuro, pour une fois, il s’en sortait mieux que leurs collègues, elle en vit au moins trois tomber raides morts sous les balles de la nippone. Il se releva et vint vers elle, prenant le chargeur qu’elle lui tendait. Un bruit de pneus crissant sur la route se fit entendre. Le vent portant la voix de Bandô dans sa direction Ella comprit que sa comparse venait de tenter de prendre la fuite. L’agent vit passer la voiture en trombe, Danny s’était déjà relever et avait vidé son chargeur sur la nippone qui avait réussi à éviter les tirs. Ella tenta de viser les roues mais sans succès, Shinya était déjà hors d’atteinte même pour la tireuse chevronnée qu’était la jeune femme. Ils arriverait bien à la coincer un jour ou l’autre, pour le moment elle reporta son regard et son calibre dans la direction d’où lui était parvenue la voix de l’autre nippone.

Elle réussi à distinguer deux silhouettes Bandô avait pris l’un des leur par surprise, le brouillard se levant quelques peu, elle regarda dans son viseur, voyant que leur collègue était en mauvaises posture. Il lui était impossible de tirer pour le moment sans toucher Vargas.

- Danny, je peux pas bouger ni tirer pour le moment, faut que tu arrives à la faire tourner ou n’importe quoi, sinon je vais le toucher en la visant. Je te couvre, mais fais gaffe elle est seule elle risque de nous faire n’importe quoi maintenant.

Une douleur aigüe, un hurlement grave. Voici ce qui provint de la bouche de Kurt lorsque que le couteau de la jeune femme s'enfonça dans son épaule. Heureusement pour l'homme, il portait un gilet pare balles, et si celui ci parait les balles, il était également une sorte d'armure qui permit à Kurt d'être moins blessé qu'il n'aurait dû l'être en réalité. La petite taille de la femme était de plus un malus pour elle, car elle n'avait pu aussi bien visé qu'elle l'aurait voulu. Mais cela Kurt ne le savait pas. En cet instant, il ne savait ni qui était son agresseur, ni s'il y en avait plusieurs, ni quelles armes il possédait etc. Il ne connaissait qu'une seule et unique chose : la souffrance. Souffrance intolérable et privative de force certes, mais aussi signal de détresse envoyé tout droit vers les centres vitaux du corps, qui se révoltèrent contre cette agression en faisant appel à leur maître, le cerveau. Ce dernier lança une série d'ordres directs aux muscles, pour que ceux ci repoussent l'attaque. Kurt lâcha son fusil d'assaut Colt M4 et jeta puissamment son crâne en arrière. Il heurta quelque chose, probablement une tête, mais n'attendit pas de savoir si cela avait donné lieu à un quelconque résultat, et lança son bras gauche en arrière.

Il attrapa ainsi un vêtement, et tira celui ci ainsi que son porteur en avant, se tournant et se penchant dans le même sens pour faire s'écrouler l'adversaire de son dos. Quand celui ci fut à ses pieds, il lui décocha un puissant coup de pied dans le ventre, et se plaça entre son fusil d'assaut et son ennemi. Il n'avait pas le temps de le ramasser, et sans doute en avait il déjà peu pour sortir son Desert Eagle. Il le fit pourtant, mais son adversaire fut vite debout, il eut enfin le privilège de connaître l'identité de celle qui l'avait blessé.

Elle.
" Toi ! Pauvre pute, je vais te faire taire une fois pour toute crois le moi. "

Il ne savait pas si elle avait perdu son couteau durant sa chute, néanmoins il avait la chance d'être armé du Desert Eagle dont il enleva la sécurité d'un mouvement de doigt. Malgré cela, son adversaire était encore menaçante, elle était toute proche.

Les paroles de Shinya disparaissaient dans le blizzard qui commençait lentement à se former… Bāndô ne l’avait pas entendu, non pas parce que l’ambiance sonore était saturée par le rugissement du vent qui se faisait de plus en plus fort, mais car toute son attention se concentra sur Vargas...

On la frappa à la tête : son poids plume passa par-dessus le policier qui pouvait alors la malmener à loisir, ce qu’il fit, car une fois à terre, son pieds alla se cogner contre le bassin de la nippone ; cette dernière se crispa sous la douleur, mais, griffant la terre enfouie sous la neige, elle se releva, rencontrant le calibre de Kurt, qui n’allait pas tarder à cracher ses cendres sur son crâne… En quelques fractions de secondes, la scène semblait s’être figée pour les deux protagonistes : Bāndô le fixait, amère, un regard ténébreux allant se ficher dans les yeux bruns de l’inspecteur… Il dut comprendre pourquoi elle le toisait ainsi :

Shinya était en sécurité.
Nathanaëlle aussi.
La bête était lâchée…

Ce qui faisait toute sa dangerosité, c’était cette motivation à exterminer son adversaire, car, sans attaches à ce monde, elle n’avait rien à perdre… Et maintenant que ses proches n’étaient plus menacés, Kurt avait du souci à se faire…

Son corps tendu, Bāndô s’approchait à grande vitesse du policier ; et voilà qu’elle lui faisait face, ce regard noir fusillant l’adversaire… La nippone cracha le sang qui baignait dans sa bouche, faute d’avoir reçu déjà deux coups puissants…, Kurt se le reçu en plein visage. A la suite de cela, pensant le surprendre pour quelques secondes qui lui seraient bien utile, elle donna un coup de coude dans le Desert Eagle du policier avant de se laisser tomber sur le sol, filant ramasser le fusil d’assaut, qu’elle pointa sur son adversaire… Mais il était peut-être trop tard…

Tournant la tête Danny vit un des leur dans une très mauvaise posture, les paroles d’Ella lui parvinrent, si elle tirait elle risquait de toucher leur collègue, elle avait beau être très habille dans cette discipline, mieux valait ne pas prendre de risque.

-C’est bon je m’en charge, reste là …

En réalité il voulait prendre sa vengeance d’une certaine façon. Il avait faillit y passer à cause de la nippone, il voulait se montrer plus fort qu’elle cette fois-ci. Il se rappela les mots que la nippone avait prononcé la veille alors qu’elle était venue lui rendre une petite visite amicale à l’hôpital, « la prochaine fois, c’es toi ou moi ». Elle n’y avait peut-être pas pensé de cette façon, qu’il tenterait de l’enfermer au lieu de l’envoyer rejoindre tout ceux qu’elle avait martyrisés. Une lutte s’était engagée ente son collègue, qu’il ne connaissait pas d’ailleurs, et Urushima, Danny se dirigea vers eux mais sa jambe lui faisait atrocement mal, il boitait donc et n’était pas des plus rapide mais il pointa son arme sur la nippone qui venait de récupérer un fusil d’assaut et s’apprêtait à faire exploser la tête du policier.

-A ta place je ne ferais pas ça !

Il visa la main de la nippone qui tenait l’arme et tira. La mettre hors d’état de nuire ne signifiait pas qu’il fallait la tuer malgré tout ce qu’elle lui avait fait il ne pouvait pas dire que l’idée ne lui plaisait pas, pourtant il se forçait à croire que ce qu’il venait de faire était la meilleure solution. Les autres agents venaient seulement de comprendre situation. Danny s’approcha de la nippone qui avait la main en sang, son arme toujours braquée sur elle.

-Tu m’en voudras pas hein … Seulement j’aurais peut-être du appliquer la loin du Talion.

Marchant dans la neige en faisant bien attention de ne pas tomber, il adressa un regard en coin à l’autre agent, avec Urushima on ne savait jamais ce qui vous tombait dessus.

-Ca va aller ?

Déjà la deuxième fois qu’il prononçait cette phrase mais la nippone avait beau être petite, elle causait bien souvent de gros dégâts.

L'air stupefait, horriblement stupefait, Nathanaëlle avait le regard fixé sur la television. Elle s'était interessé d'un peu plus près au programme qui passait, songeant vaguement que s'il s'agissait de Bandô en train d'affronter la police, elle s'en serait dejà debarassée. Et voila qu'ils avaient diffusés une photo de la personne en train d'affronter les fédéraux, et avec horreur la française avait reconnu son amie.
Depuis, elle ne pouvait plus quitter l'écran des yeux. Bandô, seule, aux prises avec la police. Voila pourquoi elle était en retard. Elle s'était faite attraper sur le chemin, et seule contre tout ces policiers -ils avaient mis le paquet- elle avait peu de chances de s'en sortir.

Elle secoua la tête. Elle devait croire en Bandô, il le fallait. Oui, Bandô allait se debarasser de ces geneurs, et elle viendrait la retrouver. Et puis, ensemble, elles partiraient au Japon, où Bandô pourrait se consacrer à son enfant, et reprendre une vie normale. Il fallait qu'elle ait confiance en Bandô.
Dans ce cas, pourquoi ressentait-elle une telle angoisse? Pourquoi avait-elle peur? Pourquoi doutait-elle?

Avec appréhension, elle se leva, et s'approcha du petit écran. Qu'allait-il se passer? Qu'allait devenir Bandô? La presentatrice avait accaparé l'attention des spectateurs en specifiant quels policiers se trouvaient sur place, s'ils étaient mariés ou avaient des enfants, et Nathanaëlle dut se retenir de ne pas crier : 'mais on s'en tape grogniasse montre nous ce qui se passe!! '.
Surement l'influence de Bandô.

* Bandô je t'en prie ne te laisse pas attraper... Pense à ton enfant, pense à ton avenir... Merde, merde, merde... * songea-t-elle rageusement, impuissante.

Ella leva les yeux au ciel, sa jambe lui faisait tellement mal qu’elle était incapable de la bouger d’un centimètre, alors la réponse de Danny lui disant de rester là, la fit presque sourire. Où voulait il qu’elle aille… ?

Elle le regarda repartir en direction de la nippone et de leur collègue. Allongée dans la neige elle sentait sa tête tourner. Elle attendit que Danny soit plus loin, et voyant qu’il venait de tirer sur la nippone la faisant lâcher prise. Elle reposa son arme, n’en pouvant plus les éclats de verres de sa jambe n’était rien comparé à la douleur qu’elle ressentait sur le côté. Elle savait que si Danny l’avait vu il ne serait pas allé prêter main forte à leur collègue.

Elle retint un cri de douleur lorsqu’elle porta sa main à son flanc. Les gilets par balles lui avaient à de très nombreuses reprises sauver là vie mais là pour une fois il n’avait servit à rien, la douleur se trouvait juste en dessous, au niveau de sa hanche, un morceau de la carcasse de la voiture s’était figé dans sa peau, assez profondément.

Sa tête lui tournait de plus en plus, elle savait qu’elle devait demander de l’aide. Mais le point principal pour le moment était de ne pas laisser l’autre nippone s’échapper, et les autres collègues étaient bons pour les caisses en sapin, Ellanora tenta sous la douleur de retirer son écharpe, puis la roulant en boule elle la coinça dans sa bouche et porta sa main à sa plaie. Prenant une grande respiration elle arracha le morceau de métal de sa chair, ne pouvant pas retenir un hurlement de douleur, étouffé en partie par le tissus.

Elle savait qu’elle n’aurais pas du le faire, elle savait qu’elle allait perdre beaucoup de sang mais ça avait été plus fort qu’elle. Tentant de regarder dans la direction de son coéquipier, de tirer pour attirer l’attention, mais sa vue se troubla, le froid l’envahissant, tout devint noir avant qu’elle ne puisse faire quoi que se soit. La neige autour d’elle prenant peu à peu une teinte rougeâtre.

Kurt Vargas essuya son visage du revers de sa manche et sourit de toutes ses dents : elle était faite. Prise au piège. Le policier avait eu de la chance. En effet le coup de coude de la jeune femme ne lui avait certes pas fait perdre son arme, mais l'avait assez déconcentré et déséquilibré pour laisser le temps à la japonaise de récupérer son propre fusil d'assaut, arme autrement plus puissante. Mais le collègue était alors survenu et, d'un tir parfait, avait désarmé la bridée. A présent elle avait deux flingues pointées sur elle, elle ne pouvait rien faire, rien tenter. Kurt se recula à une distance respectable, et répondit à son sauveur :

" Maintenant que cette chienne est entre nos mains, ça ne peut qu'aller... "

Il fixa ses yeux d'un regard noir. Elle avait tué plusieurs flics devant témoins, cette fois ci elle était finie. Si elle ne passait pas sur la chaise électrique elle pourrait s'estimer heureuse. Un nouveau sourire pervers illumina ses traits. Soudainement, sans qu'on pusse s'y attendre, il braqua le canon de son arme vers la cuisse de son ennemie, et tira.

La balle pénétra la jambe, et un rire gras sortit des lèvres du flic, qui s'avança, toujours avec prudence, pour venir s'emparer du fusil d'assaut. Ceci fait, il retourna à sa place et se tourna vers l'autre flic.

" T'as vu comme moi non ? Elle a essayé de récupérer l'arme ? " demanda t-il d'un air entendu.

Il comptait faire son boulot de flic, c'est à dire protéger les gens honnêtes, et un débat houleux était alors en activité dans son crâne : fallait il se débarasser de cette marginale en l'envoyant croupir derrière des barreaux ou dans un caveau ? Tout ce qu'il savait, c'était que quoi qu'il puisse se passer, elle ne partirait pas d'ici indemne.

[Hj : Donc dernier post d'Ella pour ce topic, miss passe son tour : )]

[Hj : Kurt Vargas is a motherfucker lll]

Cette fois-ci, elle ne pouvait compter sur l’agilité ou la surprise de ses attaques… Ses ruses ne berneraient personne, car ils étaient tous contre elle…
Bāndô eut l’amère impression que le sort en était jeté, mais l’idée même d’être en cage, réveillait son instinct primaire de sanguinaire qu’elle était : elle ne laisserait personne lui brûler les ailes… Sa liberté lui tenait plus à cœur que le sort des seules personnes à qui elle tenait dans se bas monde… On pouvait l’amputer d’une jambe, qu’importe, tant qu’elle serait libre, à vagabonder dans des villes inconnues, sans se soucier du lendemain… Mais l’étau se resserrait et elle sentait que cette fois-ci, la chance lui tournerait le dos… Pourquoi maintenant ? Alors qu’elle avait un semblant de vie… Il fallait que le peu qu’elle avait construit, soit réduit en miettes… Décidemment, le Créateur lui en voulait, ou alors, il avait une notion très particulière de l’humour noir…

Elle allait tuer ce chien de Vargas une fois pour toute, mais une douleur aigue lui arracha un cri ; le fusil était à quelques pas d’elle… il suffisait de ramper… mais..elle ne pouvait plus avancer, ni faire quoi que ce soit d’autre ; reportant l’attention sur le noyau de la souffrance qui lui brûlait la main, elle posa les yeux sur sa menotte ensanglantée. Aucune réponse, ses doigts ne s’articulaient plus. La nippone eut une sueur froide : il y a des mois de cela, Miranda Farrel, une professeur à l’université, lui avait tiré une balle dans la main droite, et maintenant c’était la gauche qui recevait le pruneau brûlant… Voilà qu’en ces durs instants, la demoiselle se trouvait un point commun avec le plus célèbre des martyrs chrétiens… Cela la fit presque rire… Son regard fuit vers les deux silhouettes floues des agents fédéraux… Elle ne reconnut pas Danny, sa vision se troublait peu à peu… Puis elle tourna la tête vers Kurt… Oui… L’inspecteur… celui qui l’avait déjà blessée… Il se réjouissait déjà de la voir derrière les barreaux… et peut-être même sur la chaise… Mais il ne se doutait pas qu’une fois en cage, la bête serait assujettie à sa folie… L’asile lui ouvrirait sûrement ses portes… Elle éviterait la mort… mais sa vie s’arrêterait au moment même où on lui passerait la camisole de force…

Bāndô regardait Kurt droit dans les yeux au moment où il tira : le corps frêle de la nippone se contorsionna, elle esquissa un gémissement de douleur, serrant les dents de toute ses forces pour ne pas faire l’ultime plaisir à Vargas d’exposer sa souffrance. Ses jambes rejoignirent son buste ; elle se tenait la cuisse, fermant les yeux ; à vrai dire, si elle ne criait pas maintenant, ce n’était plus par fierté face à l’inspecteur, mais parce que la douleur lui avait fait perdre la voix… Non… ce n’était pas fini… Elle avait envie de mourir… mais non… cela n’était pas son éthique… mais pensait-elle encore aux règles de vie à ce moment là ?

Quelle plaisanterie…
Mais oui c’était cela… Une mauvaise farce… Bāndô sourit, béate… elle se retourna, ventre à terre, puis, de sa main valide, elle racla la neige pour ramper, s’éloignant des deux agents, de quelques centimètres… Mais pour elle, ces centimètres étaient des pas de géants, des kilomètres et des kilomètres, qui la dépêtrait de ce cauchemar… Elle allait aller à Sapporo… et on n’entendrait plus rien d’elle… Quelle merveilleuse journée… Elle espérait que Mr. Grant gardait son beauceron en n’oubliant pas les consignes… Ah… et Nathanaëlle… quelle pot de colle… Mince… elle avait laissé les clés sur la porte… Mh… elle s’en foutait, d’ici quelques heures, son cher Japon l’accueillerait…

On aurait pu redouter un retour de flamme : la nippone était imprévisible, et même à moitié morte, elle pouvait encore mordre… Mais au lieu de cela, elle nageait dans un délire total… Il fallait mettre cela sur le compte de la douleur, qui l’élevait dans son petit monde où elle n’aurait plus jamais d’ennui…
Pauvre Nathanaëlle… Si naïve… Porter ses espoirs sur une adolescente tout juste majeur, qui vivait encore comme une enfant de huit ans, à prendre Los Angeles pour son terrain de jeu… Et voilà que la conséquence tant attendue de ses actes barbares tombait enfin sur ses frêles épaules… La française voulait croire que le rêve ne s’arrêterait jamais… et pourtant… Une balle de 16 millimètres avait congédié tous espoir pour la japonaise, de s’en sortir…

Ses deux membres meurtries par les balles le faisaient souffrir et il ne comprenait que très bien ce que ressentait Urushima en cet instant seulement il devrait passer outre la douleur. Pourtant au loin on pouvait distinguer des bruits de sirènes, les ambulances arrivaient bien qu’en réalité il y ait plus de morts que de blessés. Il s’avança un peu plus de son collègue et de la nippone, le policier lui dit que maintenant que Bandô allait être coincée tout allait pour le mieux mais il était hargneux, un peu trop même au goût de Danny qui ne dit rien tout de suite. Les deux anciens combattants se regardaient, Urushima ne semblait pas l’avoir reconnu sinon elle aurait sans doute lancé une des ces phrases sanglantes. Son collègue braqua l’arme sur la japonaise et tira, le regard de Danny passait de Vargas à Urushima, il lui dit de rentrer dans une combien, qu’elle aurait tenté de récupérer l’arme et qu’il ne faisait que se défendre.

-Elle l’aurait fait, oui je l’aurais vu mais comme ce n’est pas le cas …

Il se dirigea ensuite vers Bandô, s’arrêtant malgré tout à un bon mètre d’elle, c’est un spectacle plutôt étonnant qu’il avait devant les yeux, elle souriait en rampant sur le sol. Regardant toujours la nippone, il adressa une fois de plus la parole à Vargas.

-D’accord elle a fait des choses horribles mais elle n’était plus armée, vous n’aviez pas à lui tirer dessus, on ne vous l’a pas appris à l’école de police ?

Il se pencha pour attraper les bras de Bandô, les lui mit derrière son dos pour lui passer les menottes, l’aidant enfin finalement à se relever, il la soutenait pour ne pas qu’elle retombe. Son regard se tourna pour voir Ella, elle avait du se relever maintenant que les ambulances étaient présentes, elle serait soigné si ce n’était pas déjà en train de se faire. Seulement, au lieu d’avoir une vue rassurante, il la vit toujours sur le sol, elle semblait ne pas bouger. Prit de panique, il poussa la nippone dans les bras de Vargas, il n’avait plus intérêt à faire un pas de travers. Il se précipitait vers la voiture du plus vite possible mais sa jambe le faisait souffrir, il n’arrivait pas à courir et boitait. Ne prêtant pas attention aux personnes qui lui disaient d’aller se faire soigner, Danny arriva à hauteur de sa coéquipière, une vision d’effroi vint lui glacer le sang, la neige autour d’elle avait prit la teinte du sang, pourtant elle ne semblait pas avoir été blessé aussi gravement. Ignorant une fois de plus la douleur il tomba à genoux sur le sol, Ella avait une écharpe dans la bouche, mais pour quoi faire ? Il suivit ensuite l’un de ses bras du regard qui vint se porter sur une entaille profonde, sur le sol se trouvait un morceau de carcasse d’une voiture. Réalisant enfin que la situation était grave et qu’elle perdait beaucoup de sang, Danny prit l’écharpe d’Ella ainsi que la sienne qu’il enroula autour du flanc de sa coéquipière pour tenter de stopper un maximum l’hémorragie. Il la prit ensuite dans ses bras, serrant les dents sous la douleur de son bras et de sa jambe il se releva du mieux possible. Il avança difficilement vers l’une des ambulances, il y avait de l’agitation et personne ne semblait avoir tout de suite remarqué sa présence. Enfin un médecin tourna ses yeux vers lui et un brancard fut rapidement amené, elle était enfin prise en charge, il allait la soigner, du moins il l’espérait. Une femme lui dit de la suivre pour qu’il se fasse soigner à son tour mais il hocha la tête négativement, regardant autour de lui il voulait voir où se trouvait Vargas et Urushima.

Putain de gratte papier. Encore un de ces putains de bon à rien de fonctionnaire payé à lécher le cul des terroristes pour ensuite se construire une image de marque, si indispensable pour entrer en politique. Probablement le destin de ce petit con. Il devait pourtant connaître les multiples méfaits et crimes de la femme. Avait elle été tendre avec ses victimes ? Mais les idées de Kurt n'étaient jamais écoutées. On ne lui portait aucun crédit. Il lui arrivait parfois de regretter d'être né aux Etats Unis, dans cette belle démocratie où l'on avait pas le droit d'imposer la justice qu'ils méritaient aux salopards de criminels. Malgré tout, il aimait son pays, et ce regret disparaissait rapidement.

* Pourquoi tous les flics ne sont ils pas des Kurt Vargas ? * pensa t-il ironiquement, regardant l'autre - qui était sans doute l'un des fédéraux en question - mettre les menottes à Urushima. Il ne répondit pas à cet homme, qui était apparemment si bête qu'il n'avait pas compris que Vargas l'avait fait exprès.

Il rangea son flingue dans l'étui qui lui appartenait et prit le Colt M4 à deux mains, attendant la suite des opérations. Il était fier, il avait contribué plutôt bien à l'arrestation de cette foutue gamine. Il souffrait certes, mais la blessure était légère et il avait connu bien pire. Soudain, on collègue fit un acte inattendu et improbable. Il poussa d'un coup sa prisonnière vers Kurt, qui ne la réceptionna pas comme l'on aurait pu s'y attendre, mais la repoussa d'un coup de pied à la jambe. Les réflexes sont différents chez toutes les personnes après tout. Il avait en même temps levé son arme, et quand il releva les yeux de la jeune femme, il s'aperçut que l'autre s'éloignait rapidement en boitillant :

" Hé ! Qu'est ce tu fous ??? " lui gueula Kurt. Puis il rajouta plus bas :

" Sale planqué... "

Il le laissait seul avec la merde. Merde à qui il adressa un joyeux sourire, avant de lui décocher un coup de poing dans la mâchoire. La haine du flic ne semblait pas connaître de limite.

" Enfin seuls... " dit il en se reculant du corps ensanglanté.